Voici plusieurs semaines que le Printemps émet des signes pour nous préparer à son arrivée.... prudente, car j'ai déjà expérimenté les coups de froid qui rappellent à l'ordre, j'observe le comportement des oiseaux et tout particulièrement un petit rossignol qui, tous les matins, chantait à tue tête lors de mes promenades matinales comme s'il me disait: "Regarde le printemps arrive, moi je suis prêt et toi? as tu mis en oeuvre ton jardin? es tu prête pour cette nouvelle saison?".... et moi sceptique, je continuais à faire la sourde d'oreille..... pourtant à quelques jours de l'équinoxe de Printemps : le 20 mars, je dois bien reconnaître que ce petit rossignol avait raison de me bousculer, mais lassé peut être par mon manque d'entrain, un jour je ne l'ai plus entendu et maintenant, c'est l'effervescence pour mettre en oeuvre les jardins qui se réveillent à la vitesse grand V.
C'est donc, après un réveil tardif que je me suis mise à tout orchestrer en simultané!... sélectionner les légumes, faire l'inventaire de ma boite à semis,concevoir le dessin des jardins, préparer la terre.... et voici le premier fruit de tout ce bouillonnement sous forme d'un cercle divisé en 4 parties.Cette année, c'est le jardin d'Omer que je prépare en permaculture après 3 ans d'expérimentation sous différentes formes.
En 2010, la première expérience avait pris la forme d'une spirale chère à mon coeur de sculpteur encore en exercice à cette époque.L'hiver précédent, la terre avait été préparée en rependant du fumier de brebis et de lama mélangé à de la paille. Au printemps, la terre avait été simplement aérée et les mottes d'herbe enlevée avec la grelinette.C'était mon premier essais en co-créativité et j'avais utilisé un pendule pour choisir tous les légumes adaptés à cette saison de jardinage. Une grande variété fut sélectionnée avec toutefois une grande prédilection pour les choux et les choux raves. Ma cueillette fut très éclectique et peu abondante .... cela correspondait à ma demande inconsciente carj'avais envie de tout essayer pour satisfaire ma curiosité jardinesque! mais c'était aussi très juste pour ce jardin qui avait été peu cultivé auparavant et dont la production de choux raves m'impressionna; production qu'il me fut impossible de reproduire l'année suivante et qui me fit comprendre la signification réelle du partenariat avec la Nature.... soit je suis à l'écoute des possibilités et des besoins du jardin, soit je vais au devant de grandes déceptions en n'écoutant que mes envies personnelles.
D'ailleurs, ce fut aussi l'occasion de comprendre que la production n'est pas toujours destinée à ma consommation mais aussi aux insectes qui participent à la saison de jardinage et qui prélèvent leur cote part!!.... en fait, j'ai appris à faire preuve d'une grande écoute dans l'orchestration mise en oeuvre par la Nature.... chaque pupitre joue sa partition que ce soit le sol et ses artisans: lombrics, scolopendres, fourmis, araignées, scarabées etc, ou que ce soit dans l'air et ses ouvriers: abeilles, papillons, coccinelles, pucerons, hannetons,bourdons etc.
En 2012, nous n'avons pas eu d'autre choix que de construire un nouveau réservoir d'eau pour la source dans l'enceinte du jardin. Cette nouvelle donne allait perturber l'équilibre fragile de cet écosystème. J'entrepris de faire une culture en butte et j'obtins une récolte mitigée de carottes, tomates, haricots, maïs et courges. Toutefois, les perturbations dues aux travaux allaient créer un déséquilibre dans les énergies du lieu et provoquer l'arrivée massive de fourmis noires au point opposé du bassin.Ce "contre pouvoir" me montra à quel point notre influence sur l'environnement a des conséquences que nous ne mesurons pas. C'est probablement pour cela que lorsque je préparais le jardin pour l'année suivante, je choisis d'intervenir à minima et de laisser le jardin le plus possible à l'état sauvage.
En m'inspirant de M. Fukuoka, le jardin fut recouvert de paille en novembre afin de semer de façon aléatoire ou à la volée les graines qui seraient choisies en 2013. La terre se nourrit de la décomposition de la production de 2012, des trèfles et des diverses herbes étouffée par le paillage. Au printemps 2013, je ne fis aucune intervention sur le sol et me contentais soit de semer(petit pois, carottes, haricots, courges, maïs), soit de repiquer(tomates) en écartant la paille. La récolte fut très modeste car l'absence de printemps et un été très tardif, ne permit pas un bon développement des légumes; les gelées et la grêle mirent un coup fatal aux petits pois et aux courges... je ressemais direct en pleine terre les courges qui purent produire jusqu'en novembre grâce à un bel automne.
J'avais la sensation d'une lassitude exprimée par le jardin. C'est au moment du Solstice d'été que je compris qu'il était grand temps de reposer des actes fondateurs pour redonner sens à mon partenariat avec la Nature. Pour fêter ce redémarrage, je consacrais un espace entre la forêt, le jardin et la nouvelle fourmilière, pour la Nature où je n'interviendrais jamais... ainsi cette espace, délimité par un fil vert agrémenté de rubans de couleur, me rappellerait mon engagement à agir uniquement en accord avec cette sensation de Justesse intérieure qui s'apparente à une Joie intense liée à une notion d'Unité avec son environnement...
C'est donc forte de ces années de partage et d'expérience qu'en 2014, le nouveau dessin du jardin m'apparut très clairement avec la construction de buttes préparées en s'inspirant des expériences partagées en permaculture sur internet. La co-créativité s'est manifestée très puissamment sous la forme d'idées précises qui se mettent en oeuvre rapidement, tout s'enchaine et se met en place avec des efforts physiques certes importants, mais qui sont suivis d'une satisfaction épanouissante et simple du jardinier de la Nature.....
Les détails de la réalisation de ce cercle façonné sur les principes de la permaculture feront l'objet d'un prochain article en images..... à bientôt donc!! pour la suite de l'élaboration du jardin d'Omer....